dimanche 25 octobre 2020

Sortie initiation aux Cavottes

 

Le jour J, on se retrouve au local de Ranchot. Les croissants sont gentiment distribués : je pense aux trous de souris qui nous attendent…Non, ça ira, merci…

On prend la route pour la grotte des Cavottes de Montrond le Château. Chouette, ils ont pensé à moi : on fait un énorme détour par Besançon pour profiter du paysage automnal.

Arrivés sur le site, première surprise : il y a d’autres hurluberlus qui passent leur dimanche sous terre par grand beau temps…

On s’habille. On nous harnache d’un tas de bidules : un bidule sur le ventre pour pouvoir grimper avec un système de pédale, un autre bidule pour descendre en rappel et des longes (seul bidule que je connaisse : accrobranche oblige). C’est de l’initiation : on n’utilisera pas les bidules ! De toute manière, il y a d’autres débutants : hein, Cyril ?

Toute la petite troupe est prête. C’est parti dans la joie et l’allégresse puisque Sylvie ôte mes dernières craintes par un rassurant « si les grands gabarits passent, on passe tous dans les trous de souris ». Mouais… On n’a pas vraiment la même morphologie elle et moi. Mais c’est une initiation, il n’y aura pas de grosses difficultés.

La grotte se trouve au centre d’un bosquet : il doit y avoir un paquet d’hurluberlus ( !?) puisque le chemin en pente plutôt raide est extrêmement raviné donc fréquenté.

Voilà : ah, on y’est ! On est dans la grotte en elle-même. Je peux encore reculer. Non...La valeur de l’exemple...

Les premiers pas ressemblent à de la randonnée sauf que les rayons du soleil sont remplacés par la lumière de nos frontales.

Mais rapidement, on se retrouve à quatre pattes, à crapahuter joyeusement : c’est amusant ce retour à l’enfance, sauf que ça fait mal aux genoux (j’ai des photos des genoux d’Isaac qui le prouvent) . Je m’amuse bien, finalement, ce n’est pas si traumatisant que cela…

On parvient dans une grande cavité avec une tyrolienne qu’on prendra au retour : cool ! Christian nous explique quelques règles de spéléologie (important de repérer par où nous sommes arrivés et observer les autres issues possibles) et nous donne quelques explications de « géologie ». On mémorise donc le passage initial, la tyrolienne, et on observe une mini mais riquiqui faille par où nous continuons notre périple. On avait dit initiation, balade, promenade…

Je mets mon cerveau en OFF (NB : je vous entends d’ici…Oui, effectivement ca n’a été ni long ni difficile, oui, ca ne m’a pas pris beaucoup de temps..) et je m’engage dans un boyau de 3 cm à peine…J’exagère à peine…

Des genoux en moins, l’intérieur de la bouche en sang (bin...je me suis mordue la joue: vous faites pas ça quand vous stressez?), je me redresse enfin et avec le sourire en plus! On va passer plusieurs heures ensemble et surtout j’ai besoin des autres membres du groupe, je ne vais pas commencer par m’embrouiller avec eux!

Après, tout devient confus: je fonctionne en mode automatique. On me dit de faire ça, je le fais. Je fais tout comme il faut.

Léger petit moment de panique quand Cyril se bloque dans le passage plutôt très étroit que j’appellerai "le passage Cyril" dans la suite du récit mais Sylvie nous a dit qu’on passerait tous alors pourquoi s’inquiéter…

On croise les hurluberlus des voitures sur le parking: ils ont mangé là... la veille...J'en conclus qu'ils ont dormi dans la grotte! Youpi!! 24 heures sans voir le soleil à plusieurs mètres de profondeur! Trop bien! Pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt! On a bien dormi dans les arbres. Pourquoi pas SOUS les arbres!

Les spéléologues sont de bons vivants et vraiment sympas: ils ont même toujours des bouteilles de vin jaune avec eux. Enfin, toujours en fin d'exploration en tout cas...

Christian profite de cet embouteillage pour nous montrer comment utiliser le bidule descendeur. Je fais semblant d’écouter: on est bien d’accord: c’est de l’initiation, on descendra rien du tout...Et devinez quoi: 2 mètres plus loin...une descente... et je vous le donne dans le mille: elle se fera en rappel évidemment!

Je suis en mode automatique. Hector et son magnifique accent franc-comtois me montre comment utiliser le descendeur. Enfantin, il y a même le dessin sur le bidule si on se souvient plus! Et surtout mais SURTOUT ne jamais lâcher la corde! Rassurant non?! Je descends et c’est plutôt facile, en fait! Et cerise sur le gâteau, on arrive dans un espace plutôt aéré! Donc tout va bien! On continue dans des grandes cavités et j’avoue, c’est plutôt très sympa... Jusqu’à atteindre une salle humide, argileuse avec un autre trou de souris dans lequel on ne va pas ramper mais descendre avec le descendeur...Vingt mètres...Gloups!

Je vais envoyer mes deux enfants débutants là-dedans! Une folle! Des parents complètement fous!

Isaac passe. OK. Tinley aussi. OK. C’est mon tour. Florian est à la manœuvre pour mettre correctement le descendeur.C’est mon premier puits... c’est beau tout ces drapés, je m'émerveilles... et c’est plutôt facile et mon cerveau est toujours en off! Donc pas trop peur...

J’arrive dans un espace de quelques mètres carrés où se trouve "une boîte aux lettres": je traduis: un tout petit trou de souris où il faut se glisser sur le ventre les pieds en premier. Ca va puisque je ne vois pas l’extrémité et qu’on arrive après une glissade de quelques secondes. Trop facile. Mais ensuite, Hector explique qu’il faut ramper dans un boyau super étroit sur 20 m, avec des passages sinueux. Si Hector dit que c'est étroit, ça doit vraiment être très étroit! Un trou grillon quoi!

La valeur de l’exemple... Comment? Cyril et Jérôme renoncent? Il faut que je m'économise. Je n’irai pas plus loin et il faut quand même bien surveiller les deux copains! La vérité? Je manque de courage et puis c’est tout!

Sylvie encourage Greg à y aller. Je le pousse aussi à dépasser ses limites, il n'y a pas de raisons qu'il n'y arrive pas...Bla bla bla...Surtout: nos enfants se sont engagés depuis un moment sans attendre l'accord de leurs parents (petits cons) et il faut que "tu ramènes mes enfants par pitié!!"

Il y va en veillant bien à ce qu'on le retienne avec la corde (mes tympans s'en souviennent).

Suzanne le suit sans se poser de questions. Marin s'en pose un peu plus.

On entend les uns et les autres passer dans le boyau super étroit... On se dit qu'on a fait le bon choix finalement et qu’on va profiter d'avoir du temps pour remonter calmement par le puits. Bin, oui, on a descendu 20 mètres... Il faut les remonter ce coup ci!! Par le même chemin. Gloups et regloups

Jérôme nous explique le fonctionnement de la pédale et du bidule sur le ventre. On doit être super synchro pour ne pas s'épuiser.

Cyril se lance le premier. Enfin... Se lance..C'est pas flagrant, flagrant à première vue...Il avance bien sa poignée de 50 cm, mais au moment de tendre son corps en s'appuyant sur la pédale, il recule de 40 cm...Ca sera long et difficile pour Cyril! Arrivé enfin en haut du puits, il connaît quelques difficultés pour se détacher... et personne pour l’aider là-haut... personnellement, je panique un peu à ce moment-là, mon cerveau se remet en route pour me montrer ce qui pourrait arriver: j’imagine le pire!! Mais Jérôme est d’un calme olympien! Cyril aussi! Trop fort.

Après explications, Cyril parvint à se défaire de tous ces bidules. Florian arrive à ce moment-là et donne la raison du ratio 50/40. Il fallait hyper serrer le bidule sur le ventre pour que ce soit efficace! Cyril aura fait une montée de 150 m au final!

Jérôme fait l'ascension. "LIBRE" est le cri qui indique qu’on peut monter puisque la corde est disponible: c’est mon tour. Gloups !!

Avec les super conseils de Florian (bien tendre le bidule ventral, les 2 pieds sur la pédale, gainer son corps, être synchro) je m’apprête à faire mon ascension. Dans ma tête, tournent en boucle ses conseils et ma foi, je me débrouille plutôt pas mal! Seul le passage du puits est difficile, mais j'y suis arrivée.

On papote un peu en attendant l'arrivée des facteurs (boite aux lettres=facteur...Désolée..) Nous testons la vraie obscurité en éteignant nos frontales: très étrange et assez unique comme sensation.

Le second groupe arrive au compte goutte tous trempés. Mes enfants sont bien là, Greg aussi...Ouf! On apprend à faire des points chauds, Sylvie nous raconte quelques anecdotes. Tout le monde remonte: re ouf!

Le groupe réuni, on pique-nique tous ensemble dans la grande cavité. Le Rooibos réchauffe les mains, le réchaud fait maison par "fefe" réchauffe les corps. On écoute le silence, autre sensation très agréable dans une parfaite obscurité. Hector a même réussi à allumer sa lampe à acétylène! On n'est pas bien, là?

On reprend le chemin inverse sans trop de problème jusqu’au passage "Cyril". Là, sans le genou de Florian qui nous a servi de marche pour nous hisser jusqu'à la faille, j’y serais encore. J’hésite à écraser sa cuisse, mais je m'aperçois vite que c’est indispensable pour se glisser dans ce passage plutôt très étroit.

Puis la main courante et on arrive à la tyrolienne que Marin a failli faire dans le sens aller et retour.

Hector fait le petit poucet pour qu'on le suive à la trace. Sauf qu'il saigne du nez, et que c'est son sang qui sert de caillou blanc...Rien de grave, mais un poil angoissant jusqu'à la sortie...

Et là....Je prends une grande bouffée d’air! Le soleil commence à se coucher. Il est 17 heures passées. Nous sommes entrés vers 10 heures! On a passé plus de sept heures sous terre!! J’ai l’impression d’être restée à peine 30 minutes! J’ai kiffé en fait!

Merci à Christian, Sylvie, Jérôme, Cyril, Florian, Hector, Suzanne, Marin, Greg, Tinley, Isaac pour avoir fait de cette journée une réussite. Merci de l'avoir organisée, pour vos conseils, pour votre bonne humeur, pour votre patience, pour les points chauds, pour le partage, pour les anecdotes, pour le prêt de matériel (j'ai craqué et commandé une combinaison version habillée....), pour avoir pris le temps de lire ce roman: la vie est belle!

Et vous pouvez vous rassurer: j’ai remis mon cerveau en marche. Il m'a vite remis les images que j'avais occultées pendant ces 7 heures: deux nuits à rêver que mes enfants chutaient, que je restais coincée, que Greg criait dans la boite aux lettres (ça, c'est peut être arrivé..), etc. Cet organe est vraiment fabuleux. Mais c'est aussi une autre histoire...

Christelle


















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